J'aimerais compter les funambules comme des moutons. Seulement j'en ai trouvé un qui n'a de mouton, que la capacité de hanter mes semis sommeils. Je suis allée voir, ce lundi, un spectacle annoncé comme un Ballet de Preljocaj. J'ai fondu sur une place, il fallait que je voie ça, le dernier ballet de Preljo que j'avais pu voir était croustimoelleux. La lumière se baisse tout doucement, et le chorégraphe apparaît, seul. J'avais l'impression de voir un mythe, un truc du genre "Baudelaire traverse devant vous au passage clouté". Il était beau, dans son t-shirt mal taillé. Et il a parlé, parlé, parlé, parlé et parlé encore. Il a parlé de la mort, il a dit au funambule qu'il devait mourir bien avant de mettre sa vie en jeux sur le fil. Et il était beau, lorsqu'il a dénudé son torse de 52 balais. Il est resté seul jusqu'a ce que l'a lumière se rallume. C'est le ballet le plus surprenant que je n'ai jamais vu : presque pas de musique, ni de danse. Un danseur, Le danseur implacable, impeccable, qui se fait la voix d'un autre, et lui donne un corps, entre l'ange et l'humain.

Le Funambule, est un texte écrit par Jean Genet pour son amant acrobate.